Nous sommes bouleversés par les images d’Alep en feu et
détruite, de ces hôpitaux et de ces écoles bombardées par Bachar El Assad
soutenu par la Russie de V. Poutine, et en même temps désarmés par une
complexité qui dépasse notre entendement.
En même temps...
...Je me méfie de notre tendance occidentale à nous
complaire dans le compassionnel au nom des droits de l’homme et de nos grands
principes, comme de notre manie à vouloir toujours classifier les acteurs en
deux camps, du bien et du mal, entre gentils et méchants....
....Je me souviens des mensonges américains pour
justifier la 2ième guerre d’Irak.
....J’ai en tête que nos Etats modernes et leurs chefs,
comme leurs illustres prédécesseurs, ne sont pas à une manipulation près.
Aussi ai-je modestement essayé d’en savoir plus et de
trouver des clés pour comprendre ce qui devient incompréhensible tout en
mettant en cause notre insécurité eu égard aux liens entre ce qui se passe au
Moyen Orient et chez nous....
La nécessité m’est très vite apparue d’une triple exigence
de cohérence, de lutte contre la désinformation et de faire preuve de réalisme
géopolitique.
La cohérence.
Comment faire confiance « les yeux fermés » à
un occident atlantiste capable d’autant d’incohérences ? Des EU qui
luttent contre ceux qu’ils ont armés, formés et soutenus ? Une France qui entretient
des relations privilégiées et soutenues avec l’Arabie Saoudite et le Quatar qui
soutiennent l’islamisme sunnite qui pendant le même temps nous terrorise et
nous fait la guerre ! Une France qui combat au Mali ceux qu’elle soutient
en Syrie !!!
La désinformation.
Comment accepter que nos organismes de presse ne recueillent
leurs informations au sujet de la Syrie qu’auprès de l’OSDH (Observatoire
syrien des Droits de l’Homme) lequel donne par exemple à l’Agence France Presse
l’état de la situation en Syrie, le nombre de morts, de blessés, les exactions
etc… Or qu’est-ce que l’OSDH ? Il s’agit d’une émanation des Frères musulmans
qui est dirigée par des militants islamistes et dont le fondateur, Ryadh
el-Maleh, a été condamné pour violences. Basé à Londres depuis la fin des
années 1980, il est sous la protection des services britanniques et américains
et reçoit des fonds du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Outre l’OSDH comme
référence médiatique, la référence politique des médias occidentaux c’est le
Conseil National Syrien, créé en 2011, à Istanbul, sur le modèle du CNT libyen
et à l’initiative du parti islamiste turc, l’AKP. Financé par le Qatar, le CNS
a été coulé dans sa forme initiale à la conférence de Doha, début novembre 2012
par Washington. Les États-Unis considéraient en effet depuis des mois qu’il n’était
pas assez représentatif et ont suscité à la place la Coalition nationale des
Forces de l’opposition et de la révolution.[1]
Vous trouverez une illustration de cette désinformation
dans une page de radio spoutnik recueillant des témoignages bouleversants et poignants
de vérité ; d’une vérité dont nos médias ont cure expliquant notamment que
les forces islamistes sunnites en guerre en Syrie et installées à Alep ouest
qui y sèment la terreur de la charia utilisent les hôpitaux bombardés par les
forces syriennes et russes, comme boucliers humains ; alors qu’à Alep est
sous contrôle de cette armée de Bachar El Assad est pacifiée et qu’il n’y pas
de problèmes humanitaires ![2]
Le réalisme géopolitique.
Il prend en compte des facteurs parfaitement analysés par Aymeric Chauprade. Ne me dites pas que
député européen du FN il ne serait pas crédible ! Outre qu’il a rompu avec
Marine Le Pen, cet homme est un analyste reconnu, dont les analyses font
autorité et qui a par exemple enseigné pendant 10 ans à l’Ecole de Guerre.
Il est loin le temps où le monde arabe rêvait de
développement, de modernisation, de sécularisation d’un islam sunnite toujours
menaçant pour les minorités chrétiennes et chiites. Ce temps-là c’était celui
du nationalisme arabe, de Nasser jusqu’à Saddam Hussein en passant par Hafez el
Assad. Le temps de régimes autoritaires tournés vers le développement et qui
offraient aux femmes, aux chrétiens et à toutes les minorités un rempart face
au fondamentalisme sunnite autant que d’inéluctables perspectives d’ouverture
démocratique si l’on avait bien voulu laisser les processus internes se
dérouler à leur rythme historique. C’était aussi le temps où la cause
palestinienne était encore une cause nationaliste et pas encore une cause
islamique. Seulement voilà, de l’eau a coulé sous les ponts et l’Autorité
palestinienne comme le Fatah ont été effacés par le Hamas.[3]
Ces Etats arabes
comme l’Irak et la Syrie avaient sécularisé et contenu l’Islam sunnite. Certes
n’étaient-ils pas parfaits ; loin s’en faut ! Mais du temps où ils
exerçaient leur souveraineté le fondamentalisme d’Al Nostra et d’Al Qaida comme
de l’Etat Islamique ne nous menaçait pas comme aujourd’hui. Ils ont été
victimes d’une politique voulue par les EU. Ces derniers ont eu comme objectif
de livrer le Moyen Orient à leur lutte avec l’Islam chiite ; utilisant ainsi
une fatwa lancée par les premiers contre les seconds depuis des siècles. La
particularité de la Syrie étant qu’elle fut gouvernée El Assad et les omeyades
d’obédience chiite grâce à une conjonction historique et militaire spécifique. Ce fut l’honneur de la France de s’opposer à cette politique par la
voix de D. de Villepin sous l’autorité de J. Chirac avant que la France ne
passe sous pavillon atlantiste avec N. Sarkozy et F. Hollande....
Il faut aussi évoquer la politique israélienne et le
dramatique sort des chrétiens de Syrie et d’Irak que la France soutient avec de
simples envois de vivres, ou alors qu’elle recueille au compte-gouttes sans
aucune politique élaborée et clairvoyante.
S’ajoute à cela un deuxième facteur déterminant. La lutte autour de la richesse pétrolière
à l’échelle mondiale ; les EU ayant voulu imposer un plan de développement
refusé par la Syrie incontournable en raison de sa situation géographique et de
ses richesses pétrolières ; sur fond de lutte entre les axes américains,
anglais et français d’une part, russes, iraniens et syriens d’autre
part; avec en toile de deuxième fond la course au leadership entre les EU et la Chine...
Ces analyses dans le détail desquelles je ne rentre pas
ici pour éviter d’être trop long, éclairent le drame syrien d’un tout autre éclairage
que celui proposé par nos « medias officiels » !
Voilà....quelques pistes pour décrypter un conflit qui n'est pas celui que nous croyons, mais qui détermine le sort du monde et ... le notre en particulier. Un conflit qui ne
pourra se régler que grâce à des hommes d’Etat laissant de côté leurs
idéologies et leur dogmatisme. Des chefs d'Etat faisant de la vraie politique, non
pas avec des principes mais en fonction d’intérêts bien compris et en nouant
des alliances susceptibles de nous aider à éviter le pire !
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