dimanche 5 novembre 2017

EST-CE UN HONNEUR DE DEFENDRE ABDELKADER MERAH?



Tout homme mérite d’être défendu. Mais toute défense est-elle un honneur ? Telle est la question que nous posent le procès d’Abdelkader Merah et sa défense par Me Éric Dupont Moretti ; ce dernier ayant clamé haut et fort, en réponse aux questions insistantes d’un journaliste que cela avait été pour lui un honneur de défendre son client. A l’inverse les avocats des parties civiles l’ont accusé d’être le déshonneur de la profession…

Alors : honneur ou déshonneur ?

Les avocats ont très souvent l’habitude de commencer leurs plaidoiries en indiquant à leurs juges qu’ils ont l’honneur d’assurer la défense de leur client. La mission de l’avocat, la défense, est d’abord un devoir. Elle n’est à l’honneur de celui qui l’assume que lorsqu’elle est exercée conformément aux règles éthiques et déontologiques de notre profession. Que prescrit la déontologie ? Elle est résumée dans le serment prêté : « L’avocat est tenu d’exercer ses fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité, humanité, honneur, loyauté, désintéressement, confraternité, délicatesse, modération et courtoisie. Dans sa relation avec son client, il doit faire preuve de compétence, dévouement, prudence, diligence ».

Dans son magnifique livre « La parole est à la défense » Gérard Stevens rapporte les propos de Me Gabriel Delattre à la conférence des avocats : « nous n’avons pas à redouter, nous autres, l’étude de la laideur humaine. Trop souvent, hélas !, ouvrant certains dossiers, nous pénétrons dans le mensonge et même dans la honte. Mais qu’importe, nous imitons la lumière qui traverse les milieux les plus impurs sans se salir jamais ».

A l’honneur sont associés le courage, la gloire, la vertu, la probité, la considération. En soi la défense honore l’avocat ; parce qu’il assume une mission nécessaire, au-delà de ses sentiments, de ses passions et de ses propres convictions, mais aussi parce qu’il le fait, s’il le faut, de manière indépendante, au mépris de sa personne et de ses intérêts. Elle est un honneur parce qu’elle permet de donner au dernier des salauds le droit à un procès équitable. À s’en tenir à ces observations Me Eric Dupont Moretti aurait donc raison. Il fallait que ce salaud, car c’en est un, soit défendu.

Mais au regard des principes qui viennent d’être rappelés, la question est de savoir quel était le système de défense d’Abdelkader Merah et comment il fut défendu. C’est l’objet de l’accusation des avocats des parties civiles. Car l’avocat ne doit jamais être le complice de son client ; et il a le droit, même le devoir, de se démettre d’une défense à laquelle il n’adhère pas.

Abdelkader Merah est un être abject propageant une idéologie islamiste radicale qui nous fait la guerre. Il n’a pas caché qu’il approuvait les crimes commis par son frère, comme sa mère l’a fait elle aussi, s’exposant ainsi à des attaques qui ont amené notre confrère à voler à son secours « parce qu’elle était une mère » ; propos qui ont fait scandale, à mon avis à juste titre, puisque cette mère épousait la cause de ses fils, celui qui avait commis l’horreur et celui qui la revendiquait. Avec cette dernière et son frère mort, l’accusé fait partie de cette mouvance qui a décidé d’exterminer l’Occident.

En théorie, en droit, son avocat pouvait plaider l’acquittement s’il considérait que les éléments constitutifs du crime n’étaient pas réunis et que les juges, en leur intime conviction, ne pouvaient pas le déclarer coupable. Un procès est une affaire de droit, pas de morale. Qu’en est-il ?

L’un des principaux motifs de l’arrêt de condamnation mérite d’être cité :

Les  propos  tenus  par  Abdelkader  MERAH  lors  de  sa  garde  à  vue,  puis  de l'information  judiciaire  soit  directement  au  magistrat  instructeur,  soit  lors  de  parloirs
avec des membres de sa famille et enfin, devant cette cour d'assises, ne permettent pas
de  douter  de  son  adhésion  intellectuelle  aux  thèses  islamistes  extrémistes  et  violentes,
estimant    être  «fier»  de  la  manière  dont son  frère  était    mort  «en  combattant», qualifiant la France d'ennemie, affirmant se soumettre  aux lois divines,  mais non à celles 
de  la  République,  assurant  que    le  jihad  est  un  des  piliers  de  l'Islam,    justifiant  enfin, implicitement,  les  actes  de  son  frère  par  le  fait  que  ce  dernier  serait  nécessairement  au paradis puisque décédé «en martyr» au service de «la cause».

C’est bien l’islamisme radical qui est en jugement. L’homme que défend notre confrère est un islamiste radical. Il le revendique. Plaider l’acquittement pour cet homme en ce qui concerne le crime, qu’il qualifie de poubelle juridique, celui d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, revient à considérer que l’entreprise djihadiste n’existe pas. C’est cette négation qui nous fait nous interroger sur l’honneur de sa défense. C’est ce qui a choqué beaucoup de monde. Une défense ne peut pas être contradictoire. L’honneur est au prix de la cohérence, de la loyauté, de la délicatesse et de l’humanité.

En acceptant de le défendre et d’adopter la ligne de défense de son client, notre confrère a adhéré à cette thèse selon laquelle la propagation de l’idéologie islamiste radicale ne serait ni constitutive du crime de complicité, ni de celui d’association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Il a nécessairement soutenu le droit pour Abdelkader Merah et tous ceux de son espèce, de diffuser les principes de leur religion et de leur idéologie, sur le territoire national, pour y faire la guerre contre l’ensemble de notre Nation dont l’avocat fait lui-même partie. Est-ce alors à dire que cet homme n’avait pas le droit d’être défendu ? Non, mais il s’agissait alors en toute logique d’une défense de rupture qui aurait consisté à revendiquer la légitimité de l’idéologie islamiste.

Confronté à cette évidence pour un avocat pénaliste de son expérience, Me Eric Dupont Moretti a essayé de se dédouaner et a déclaré: « L’islamisme radical ou le nazisme sont une cause indéfendable : je ne défends pas une cause, mais un homme, c’est radicalement différent. »

Sans se situer donc dans une défense de rupture cohérente, il a donc fait le choix ambigu d’apporter son crédit à la stratégie d’un homme revendiquant la participation à une entreprise terroriste organisée dont nous sommes globalement les victimes, au hasard, dans les pires des conditions. Un crime actuel. Un crime de guerre. Or l’avocat est aussi le fils d’une Nation.

Indépendamment de la forme adoptée, qui relève du climat de terreur, que par principe notre confrère cherche systématiquement à entretenir dans tous les prétoires où il se trouve, allant jusqu’à proférer des propos ou avoir des attitudes qui vaudraient à la majorité des avocats de comparaître devant leurs instances disciplinaires, force est en conséquence d’admettre qu’en ayant accepté d’être solidaire de cette stratégie de défense il a de facto et nécessairement été solidaire de l’idéologie qui justifie les crimes insupportables de Mohamed Merah.

S’il fallait que cet accusé soit défendu, Me Éric Dupont Moretti n’était pas obligé d’accepter de le défendre. Ajoutant encore à la provocation, il a cru devoir nous dire publiquement qu’il l’avait fait gratuitement. Pour le coup, s’il n’a pas été honoré, c’est qu’il a voulu assumer cette défense. Je me refuse à essayer de comprendre les motifs qui ont pu l’y conduire. Je ne m’intéresse qu’aux résultats.

Il peut aussi sembler choquant de constater qu’il ait mis à profit sa notoriété pour faire la morale à la terre entière, aux juges, à l’avocat général, aux avocats des parties civiles, aux journalistes, et même aux victimes ; alors que sa propre posture était ambigüe et provocatrice.  

Sauf à être soi-même irréprochable, on ne doit pas jouer avec les principes dans des procès de cette importance, dont les répercussions sont aussi dramatiques et dont les enjeux actuels et à venir mettent en cause la sécurité de tout un pays. Aux circonstances exceptionnelles doivent correspondre des hommes d’exception. L’avocat doit savoir rester sur la ligne de crête exigeante de l’éthique, c’est aussi le prix à payer du succès et de la notoriété…

Alors, dans tout cela, où est l’honneur ?

3 commentaires:

  1. son frère n'est pas décédé en martyr, mais en tueur. Qu'il soit défendu oui, tout homme a le droit d'être jugé. Moi je dirai la peine criminelle à perpète, étant donné que la peine de mort n'existe plus. Mais les travaux forcés, car nourrir un homme qui a tué son prochain, sans aucune défense est un criminel, moi je lui donnerai des champignons vénéneux, pour qu'il ne fasse plus de mal à personne, et qu'il souffre 1 centième de ce qu'il a fait souffrir, ce ne serait déjà pas une souffrance mais une tolérance, ou plutôt une obligation faute de peine de mort. Que l'on tue un individu n'est pas bien, mais on peut sous le coup de la colère avoir des circonstances atténuantes. Que l'on tue des hommes des femmes des enfants innocents c'est un crime qui devrait être puni par un crime : légitime défense. Jetez le sur la place publique et justice sera faite, pas besoin d'avocat pour ce genre d'individus. Et si vous ne partagez pas mon avis, vous avez le droit, je suis d'accord, mais si vous perdez femme et enfant, n'auriez vous pas envie de faire justice vous même? Alors n'attendez pas de perdre un proche ou un amis. Je pardonne plus à sa mère, qui n'a pas su prendre son fils en main au bon moment, voir ce qu'il devenait, s'opposer à ses fréquentations, des fois ça peut être difficile. Elle paye aujourd'hui son manque d'autorité parentale, mais elle doit souffrir, elle je la plain de tout mon cœur. Gardez la force de voir ces horreur en étant impuissant. Mais ne les admettez pas, ne les pardonnez pas.
    Cordialement et bon courage a ceux qui ont horriblement souffert à la suite de personnes, ennemies des humains. J'accepte toute religion quand elle n'atteins pas à la vie d'autrui. Tout le monde peut prier son dieu.

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  2. A lire https://laplumedaliocha.wordpress.com/2017/11/05/la-robe-en-lambeaux/

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